Le 10 octobre 1697, trois Ursulines arrivaient de bon matin sous un soleil radieux et dans l’air vif du tout petit village des Trois-Rivières, après deux jours de navigation sur le Saint-Laurent; deux autres Ursulines les rejoindront deux semaines plus tard. Le navire est chargé de meubles et les malles, remplies de couvertures, de vêtements, de vaisselle, etc. tout ce qui est essentiel à la tenue d’un couvent, d’une école et d’un hôpital. C’est ce qu’écrit sr Thérèse Germain, dans son livre Autrefois, les Ursulines de Trois-Rivières.
Cela faisait plus de 20 ans que les religieuses attendaient cet instant pour répandre l’idéal d’Angèle Merici, la fondatrice des Ursulines, «l’éducation pour tous» qui les amènera à aller vers les premières nations pour instruire les filles, chez elles, dans leurs villages, Algonquins, Hurons, Montagnais, Abénaquis, Attikameks.
Dès leur arrivée, l’école est ouverte pour des élèves pensionnaires et externes qui apprendront à lire, à écrire et à compter, des filles seulement. Des incendies en 1752 et 1806 obligeront les Ursulines à rebâtir, à déménager, mais toujours elles reviennent ici sur cette terre.
À partir de 1802, on y enseigne le français et l’anglais. Il faut s’adapter au nouveau régime anglais. Les Ursulines s’installent à la Nouvelle-Orléans, soutenues pour des Ursulines de Trois-Rivières, de Boston et même d’Irlande.
La musique a toujours eu une place privilégiée chez les Ursulines; le premier piano est arrivé en 1830.
1836: construction de la maison de pierres, le pensionnat, car toutes les élèves étaient pensionnaires à ce moment-là : «C’est vers ce temps que les enfants eurent le même costume, il était bleu.» Alors que plus de 210 filles sont à l’école des Ursulines à Trois-Rivières, il faudra attendre 1844 pour que les garçons aient des écoles pour eux dans la région.
En dehors des cours, les élèves sont toujours sollicitées pour préparer les fêtes ou des réceptions par des chants, des monologues, des saynettes, des pièces musicales.
Le premier journal étudiant paraît en décembre 1845.On agrandit en 1883, avec le bâtiment appelé le pensionnat. Ce sera une grande fête à son inauguration.Au début des années 1900, Mgr Baril (chapelain des Ursulines) fait construire notre longue glissoire dans la cour de récréation. Aux États-Unis, des monastères Ursulines sont fondés et ce sont des religieuses de Trois-Rivières qui vont aider: au Maine, au Montana, en Ohio.
La population grandissant, des écoles sont construites entre 1900 et 1915 dont une école normale, au Monastère (Maison 3 – le bâtiment de briques rouges du primaire) afin de former les enseignantes. Des écoles d’Ursulines sont aussi fondées à Shawinigan et Grand-Mère.
Au début des années 1930, il est presque impossible pour une jeune femme de faire des études supérieures: aller à l’université est réservé en grande majorité aux garçons. Mais en 1935, l’école des Ursulines de Trois-Rivières devient le Collège Marie-de-l’Incarnation qui donne le cours classique, cours universitaire ès arts, affilié à l’université Laval.
Par la suite, d’autres écoles sont construites à Trois-Rivières comme le Collège Laflèche, l’école secondaire Ste-Ursule, qui est devenue l’école Les Pionniers. Les écoles Marie-Leneuf et Ste-Angèle (St-Philippe) aussi à Trois-Rivières. À Shawinigan, plus de 3000 élèves sont instruites par les Ursulines.
Des Ursulines partiront vers le Japon, l’Afrique, l’Amérique du Sud, au Pérou notamment. D’autres maisons seront construites consacrées aux arts, de soutien, de développement, de soin de fin de vie comme la maison Albatros, de foyer d’accueil pour enfants handicapés et même une clinique de podiatrie! Ouf! C’est une belle histoire que celle de notre école. Dans la salle Marie-de-l’Incarnation, des milliers d’élèves sont passés: elles ont vu leur premier spectacle, assisté à leur premier concert, écouté leur premier discours. Toutes ces élèves font partie d’une immense famille, créée par ces dames, les Ursulines.
Depuis 325 ans.
Une école qui continue de grandir , qui évolue, qui innove et qui s’agrandit malgré les vents contraires, comme l’ont vécu les premières Ursulines de Trois-Rivières, et qui verra se construire un centre sportif d’ici 2025.Soyons fiers de notre école, notre collège Marie-de-l’Incarnation, fiers de ces dames, qui l’ont créé il y a 325 ans, les Ursulines.
Élisabeth Jourdain, directrice générale
Texte rédigé à l’occasion de la cérémonie de la Reconnaissance du 6 octobre 2022 et lu devant les élèves et le personnel du Collège et les Ursulines.